"MAUDITS", UNE AVENTURE DES TEMPS PRESENTS
"MAUDITS", UNE AVENTURE DES TEMPS PRESENTS
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Il faut toujours passer par où l'on ne veut pas! Même si l'ensemble du monde passe ailleurs! La vie est une drôle de chose à laquelle on n'a pas trop d'une vie pour s'habituer. Si elle dit: Je t'aime, elle pense: Je te hais! A qui se fier?
Comme à l'habitude, je rangeais, dans mon bureau, mes affaires avant le départ en vacances de Pâques. Il passa dans le couloir qu'il empruntait pour se rendre dans son bureau, à l'étage au-dessus. "Montez de suite dans mon bureau!" m'intima-t-il. "J'arrive", lançai-je négligemment.
Nos rapports, sans avoir jamais été amicaux, étaient toujours familiers et sans dissimulation, du moins l'avais-je toujours pensé. Depuis dix sept ans, j'officiais comme cadre éducatif en même temps qu'enseignant. L'établissement privé, d'obédience catholique, couvrait de la maternelle à la troisième. Petit, à taille humaine dit-on maintenant, il se nichait dans la courbe d'une vieille rue où les maisons datant de centaines d'années, avaient tendance à voir s'effriter leurs façades. La ville ne présentait guère d'intérêt hormis cette rue vieillotte provoquant une impression de plongée dans les siècles précédents dès lors que l’on s’y aventurait.
L’école se composait de bâtiments hétéroclites venant en extensions du bâtiment principal, vaste demeure ancienne de maîtres ne se distinguant pas par une architecture ambitieuse. Non ! De la construction commune de la fin 19ème. Peu, voire pas de caractère distinctif. Juste une certaine ampleur dénotant les moyens financiers d’une catégorie sociale bourgeoise. Le bâtiment principal ainsi que l’ensemble de la propriété avait été donné à l’archevêché au début du 20ème, par une héritière percluse de religion et de rhumatismes également. Sans doute dans l’espoir qu’un dieu de l’au-delà, auquel elle avait toujours souscrit, l’accueillerait à bras ouverts en attendant le jugement dernier. Façon comme une autre de s’approprier des indulgences. L’argent achète tout, non ? Toujours est-il que le bâtiment était devenu une petite école qui, peu à peu, après avoir accueilli les déshérités de la terre confiés avec monnaie sonnante et trébuchante pour les services d’éducation, avait grossi sans aller jusqu’à l’ambition de la grenouille face au bœuf.
Les parties maternelle et primaire étaient, lorsque j’arrivai dans l’établissement, menées avec autorité par une ribambelle de dames à l’esprit vieille école. Ce qui faisait le bonheur de la population qui confiait sa précieuse descendance avec une grande confiance à ses braves âmes ! S’ils avaient su… mais ils ne surent jamais. Et puis, les ragots sur ces personnes qui fréquentaient assidûment la messe, hein… on les oublie vite. L’important c’est la façade. Ce qui se passe derrière… ça n’existe pas ! En fait, l’école où, devrais-je dire « l’institution », était réellement dotée de personnages sortis tout droit du 19ème !

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