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PO-LAR
Un récit interactif proposé par le concepteur de ce site
   

    Une fois de plus je me penche sur ce p… de manuscrit. Rien n'aboutit. Mes yeux errent dans cette foutue pièce emplie de bouquins à donner le vertige au meilleur charpentier. Je foutrais bien le feu à tout ce fatras. Si ce n'est que je tiens bêtement à ces reliques, ces bouts de papier zébrés d'une encre régulière. Du fétichisme ? Même pas. Je reprends donc le cours brièvement interrompu de ce que je souhaite infliger à quelques lecteurs malchanceux. Lire mes mémoires, ça pourra toujours servir de soporifique aux insomniaques. En parlant d'eux ça revient à moi. Question insomnie j'en connais un rayon. C'est d'ailleurs comme ça que tout a commencé. Il était très exactement trois heures, vingt six minutes et trente cinq secondes sur ce foutu réveil qui m'empêchait de m'endormir depuis maintenant quatre heures. Il me surveillait lâchement. A chaque fois que je m'apprêtais à fermer enfin l'œil, la couleur rouge-fluo de ses chiffres digitaux me narguaient. Et bon dieu, m'empêchait de plonger sereinement.
A l'heure précise annoncée -ça fait un peu SNCF, mais quoi !- un épouvantable vacarme me vrilla les neurones. Instantané. Inutile de vouloir dormir à présent. Aller voir. Au moins ça m'occuperait et ça ne coûte rien. J'ouvre la porte en douceur. Je glisse un œil furtif et … paf ! mon souper me remonte aux lèvres. Je serre de toutes forces les dents. L'empêcher de ressortir ; Merde ! Je ne bouffe pas tous les jours un tel gueuleton. Les yeux hallucinés, je me force à regarder. Pas de doute, tout y est, en morceaux certes, mais c'est bien mon voisin pavillonnaire qui gît là. Sans mains ! Sans pieds ! Et la tête sous le bras. Putain ! L'envie de dégueuler me reprend. Cette fois, je me précipite aux gogues que j'atteins juste à temps. Penché sur la lunette, je contemple les vomissures qui badigeonnent le fond, les bords. Débordent un peu, négligemment. Je me redresse, les larmes aux yeux sur l'étendue du désastre. Un dîner à deux cent cinquante balles ! Offert en plus ! Putain ! Qu'est-ce qu'il vient encore me les casser cet emmerdeur ? Mes esprits me reviennent. Téléphone. Police. Trois minutes pour arriver, disent-ils. Rien toucher surtout. Pas de risque les poteaux. J'en ai encore plein la rétine. Vision d'enfer.
Ils arrivent. Frappent. J'ouvre. Me demande de regarder dans le couloir. Ah ! Merde ! Tout sauf ça ! Obligé quand même. Par civisme. Le marlou de ces dames est on ne peut plus découper. Le drôle de l'affaire, c'est qu'ils lui ont mis ces gros orteils sales dans la bouche à ce mac du dimanche. Et les pieds sont toujours après les orteils. Par contre les jambes n'ont pas suivi. Elles pendouillent, lamentables, à l'endroit habituel. Les mains sont dans les poches, bien enfoncées, sans les bras … mais enfin ! On ne peut exiger l'impossible. Les flics en tirent une. Elle tient bien enserrée, une petite fiole en verre épais. Lui arrachent difficilement. Rigidité cadavérique oblige. Ils l'ouvrent. Parfum exotique, murmure le flic un peu efféminé qui organise la visite du corps. Orient 3, dernier sorti de chez O. Pium. Celui qui se fait appeler commissaire donne quelques ordres brefs et une partie de la volaille s'envole vers d'autres lieux. Le commissaire me regarde, tend la main accompagnée d'un : " Commissaire divisionnaire Tarin.
- Octave Demiton, sussurè-je.
- M. Demiton, racontez-moi. En prononçant ces mots, il me recule dans ma turne.
- Tout a commencé … "
Et j'évacue lentement l'histoire. Il demande à voir. Je lui présente les cabinets d'aisance comme on dit dans le gratin. Il n'a plus besoin d'un dessin et me croît sur parole. D'ailleurs il rigole et s'esclaffe : " Merde ! Faut sérieusement décaper votre bassine, mon grand -je mesure un mètre quatre vingt neuf, et cet empaffé frise le mètre soixante- vu l'état des bords et l'odeur, putain ! Vous allez encore le remplir ! " Sale con, pensè-je. Avec la tronche de patate que tu trimballes … Enfin, il me lâche et disparaît dans les coulisses de l'exploit. Je dégraisse les lieux avant de les remplir et d'aller me coucher. Curieusement je m'endors en faisant de beaux rêves.
A 11h je m'extirpe de ce sommeil du juste et tout envahit ma mémoire. L'impression du corps obsède mes rétines. Je me secoue et me hasarde à un œuf coque, un jus d'orange, un café, un fromage, du pain. D'accord, ce n'est pas spécialement léger mais je ne gloutonnerai rien d'ici ce soir …ou demain ? D'ailleurs le résultat de ce solide en-cas ne se fait pas attendre. Les rétines se nettoient de tout souvenir et je continue tranquille ma journée de futur écrivain reconnu, adulé, adoré, respecté des foules … j'en passe ! Il faut bien se congratuler de temps à autre, hein ? La porte d'entrée est soudain agitée de coups répétés. J'entrouvre et retrouve mon pote le com'div' Tarin. Il porte bien son nom. Avec cette lanterne qui occupe la moitié de sa tête.
" 'jour M. Demiton. En forme ?
- Ben oui ! ça va mieux qu'au lever !
- Connaissiez bien votre voisin ?
- Peu ! Mais comme emmerdeur … Lui manquait toujours quelque chose pour faire sa popote. Bon prince je lui prêtais. Jamais il n'a rien rendu ce tordu !
- Et il n'est pas prêt de vous rendre quoi que ce soit ! Par contre pour vous faire rendre … alors là ! Fort, non ?
Ce crétin fini s'étouffait de rire. De la chance pour lui qu'il soit flic, sinon …je lui aurais volontiers fait sucer ses semelles ferraillées !
- Que faisiez-vous cette nuit ?
- La question fatidique entraîna un long développement sur mes déboires en sommeil ; sur la vacuité de ces nuits qui n'en finissent pas de finir; sur la mentalité des médecins qui se foutent de l'exposition de vos manques et vous branchent sur super-médicaments. La discussion menaçait de s'éterniser car le com'div' connaissait bien cette chanson habitué qu'il était aux nuits de surveillance, aux coups de fil qui vous sursautent le corps, et à bien d'autres choses. Il me devint sympathique. C'est à ce moment que, derechef, la sonnette tinta. J'ouvris le passage à une sorte de singe en habit de flic, qui se grattait autant le nez que l'anus. " Letrou, s'écria Tarin ! Qu'y a-t-il ?
- Ben chef, c'est qu'on en a retrouvé un autre de mec qui bouffe ses pieds …
- Et ses mains ?
- Dans ses poches !
- Vides ?
- Pas un papier sur lui, …
- Les mains, Letrou ! Les mains vides ?
Un bref éclair de compréhension éclaira un seul œil du nommé Letrou, qui se gratta avec un acharnement forcené avant de beugler en basse :
- Non chef. Une fiole de parfum. Voyons… Extase… Non !
- Parfum exotique ! Orient 3 de chez O. Pium ! Du vent Letrou ! "
Ce dernier disparu non sans s'être lourdement déchargé d'un vent qui faillit m'asphyxier. Le commissaire ricana en murmurant : "C'est ça le véritable parfum de l'innocence ! " Je l'aurais volontiers scalpé. Je me contentai d'aller ouvrir la fenêtre en grand. Il reprit : " Va falloir faire un peu gaffe à vos petits petons, mon grand. Ça a l'air sérieux cette histoire, et ça ne sent pas bon ! Quelques jours de vacances à l'étranger vous feraient le plus grand bien.
- Vous l'offrez ?, proposai-je.
- Les histoires de grand-mère avec des bonnes fées qui réalisent vos souhaits, faut mieux les oublier, mon grand.
- Alors, je vais demander un garde du corps à notre inénarrable et irrésistible police nationale. Son regard me fusilla sans délicatesse. Puis il sourit.
- Demiton, faudrait mieux la mettre en sourdine ! Compris ? Je reviendrai de temps en temps dans l'espoir de vous rencontrer raccourci de quarante centimètres, vous traînant sur vos délicates rotules, les pieds entiers dans la gueule ! D'ailleurs, un conseil. Lavez-les régulièrement. "
Il m'abandonna songeur. Je revoyais ce voisin avec son accent oriental, genre Israël, qui me demandait : " Tou mé passe un pou dé sel, voisin. J'ti l'rendré demain ! "

Je tourne la page. Toujours aussi blanche que d'habitude. L'égratigner. La faire saigner. Lui faire rendre l'âme. Vingt dieux comme aurait dit mon arrière grand-père issu du plus profond du terroir, vingt dieux c'est-y ben difficile de torcher un papier, alors que l'cul… En fait mon arrière grand-père n'avait pas fait que planter des choux vu qu'il en était à sa huitième concubine quand je montrai le bout de mes fesses au monde. C'était un siège en effet. Il paraît qu'il s'esclaffa en disant à ma mère, sa petite fille : cré vingt dieux, v'là ben un gaillard! Y montre déjà son cul à la populace! C's'ra sûrement un pol'tique ou un écrivaillon. Ma mère, si délicate, ne put s'empêcher de le tancer d'un vert : Pépé, enfin! Mais le mal était fait. Mon destin venait d'être inscrit. Dès lors l'histoire se répéta de bouche en oreille et mon enfance baigna dans le flot incessant de cette prédestination. Tiens la plage se remplit. Moins blanche qu'il y a quelques minutes. Je gagne une puis deux précieuses lignes.
La porte émet un bruit sourd, mat. Je sursaute.
"C'est qui? je crie connement.
- Le pape, sombre abruti!
La porte vient de céder à la poussée de cet homme terrible qu'est mon père. Deux mètres pile! Face aussi d'ailleurs. Un débardeur en plus costaud. Pourtant c'est la douceur même. De ma vie je ne l'ai jamais entendu que chanter. Par contre, quel organe!
- Papa … mais …
- Ton commissaire Grotarin…
- Tarin p'pa …
- Peut-être, mais quel morceau. Il se cache derrière ce p'tit gars. Toujours est-il qu'il est venu m'em … ce matin pour me d'mander quel genre d'enfant t'étais petit.
- Et?
- Ben j'lui ai dit ta carrière prédestinée par pépé. Ca l'a fait rigoler ce grotarin. Pour une fois j'aurais bien écrabouillé cette citrouille!
- C'est vrai. Un peu antipathique!
- Qu'est-il donc arrivé réellement fils?"
Je lui relatai les derniers évènements. Il me regarda subitement et me dit :
"Tu la tiens ton histoire p'tit gars. Alors fonce. Ton cousin 'toine va venir te donner un coup d'main. Tu sais l'toine qu'était chez les paras.
- Vrai? Alors, il va y avoir de l'ambiance!"
Antoine est un véritable athlète. Sportif jusqu'au bout des ongles, il s'était engagé à seize ans pour voir du pays plutôt que de labourer. Et du pays, il en avait vu … de toutes les couleurs … Après vingt cinq ans de baroude, comme il le dit encore, il quitta l'armée. Elle lui avait apporté l'aventure. Pas la fortune! Et depuis les deux ans où il était devenu civil, il n'avait pu s'empêcher de créer son agence de détective dont il était seul maître et employé. Ca l'amusait de suivre des femmes qui, paraît-il, trompaient leurs maris. Éventuellement il les aidait dans ce sens. Il touchait des deux côtés comme il nous racontait d'un air guilleret et bien dans le bon sens paysan. Comme disait p'pa, il ne faisait pas honte à ses origines. Moi, j'étais plutôt le désespoir. Pas foutu d'engrosser une nana! En fait, je ne me sentais aucune veine paternelle. Ce qui ne m'empêchait jamais de tremper mon biscuit un peu partout, histoire de comparer. P'pa trouvait ça normal mais, disait-il, faut avoir une officielle et lui foutre une demi-douzaine de gosses si on veut continuer la famille. Et de me citer les exemples de la famille, mes nombreux oncles, tantes, frères, sœurs, … Je résistais désespérément à toute sollicitation définitive. J'étais un cueilleur, pas un coureur de fond!
Je réalisai que p'pa me secouait gentiment en me disant :
" Eh grand nigaud, rêve pas comme ça! Tu vas voir! Vous allez avoir du sport avec l'toine!
- Mais p'pa, les flics …
- T'en fais pas. L'toine les as dans sa poche.
La poche … devant moi, les mains et les pieds couraient effarants de réalité. Que dire? P'pa ne se rendait pas compte qu'il s'agissait d'une affaire sérieuse.
- Eh fils! C'est pour ton bien qu'il vient habiter chez toi quelque temps l'toine. Tu piges?
- Je …" C'était curieux de comprendre soudain que p'pa cherchait à me protéger à mon âge. Trente cinq ans. Pas manchot. Plutôt même l'opposé. Ah! Les pères sont bien surprenants!
La conversation dévia peu à peu vers le sujet de prédilection de mon père qui me vantait les charmes d'une de mes amies d'enfance qui était vraiment devenue une "beauté" et qui me ferait sans doute de beaux enfants pour peu que je lui demande. En plus, elle était revenue au village comme instit' et tout le monde l'adorait. Je priai p'pa de s'occuper de sa maison plutôt que de la mienne. Il fut chagriné mais pas convaincu puisqu'avec l'entêtement parfait du paysan, il continua à me parler d'Elsa. Je me rappelais bien de ce visage doux, un peu triste et sérieux qui la mettait à part des autres toujours prêtes à parler de leurs petits amis, petites amours. Nul ne semblait avoir conquis son cœur quand je la perdis de vue vers dix huit ans. Elle partit à la ville avec sa mère, suite au décès brutal de son père tombé d'un toit en réfection. Ainsi, elle revenait. Curieux quand même cet attrait du passé. Instit' ! elle était devenue ce qu'elle disait enfant. Prédestinée aussi?
Me voyant de nouveau songeur, père poussa son avantage devinant mes pensées. "Ta mère voudrait bien que tu viennes ce week end. Tu viendras, s'pas!"
Je promis machinalement croyant ainsi qu'il me laisserait en paix. Bien au contraire, il se lança dans une longue apologie de ma mère recensant ses multiples qualités, tant au niveau travail qu'au niveau amour. Là, je trouvais qu'il exagérait, lui qui n'avait jamais cessé de la tromper avec une constance remarquable. Mais je sentis pourtant qu'il disait la vérité, celle du moment en tout cas. Les larmes lui venaient aux yeux en découvrant les qualités de celle dont il partageait la couche depuis plus de quarante cinq ans. Enfin, p'pa se leva et m'annonça en m'embrassant que l'toine arriverait vers dix neuf heures.

Les choses auraient pu en rester là. Seulement … je me penchai derechef sur ma machine à écraser les mots - faut dire que je frappe comme un karatéman sur ma pauvre machine à écrire. Et puis, elle m'énerve cette andouille, toujours en retard de plusieurs longueurs sur mes pensées. D'ailleurs c'est fou ce truc. On est là à imaginer ses personnages, tranquille quoi. Ils envahissent l'esprit. Ils rient. Ils baisent. Ils agissent. Tout cela à la vitesse habituelle de l'action - en temps réel, hein? Et cette pouffe de machine n'arrive pas à les suivre. Je croyais que ce serait mieux que le stylo. Je déchante.
Bon. Une main, non deux , les deux dans la bouche, la tête sous le bras. Putain qui croira un truc pareil. Le père est dingue. C'est pas une histoire. C'est la réalité. Personne gobera ça!

J'en étais là de mes pensées, en fait depuis sans doute beaucoup plus longtemps que je ne le croyais … preuve en est mes écrits qui stagnaient, accusateurs, sur le berceau de la machine infernale. Je revis soudain les douces mains de l'une de mes amies. Elles couraient à une cadence remarquable sur ce foutu clavier. Ce fut d'ailleurs cela qui m'obligea à la saisir par les épaules et à la calmer par quelques tendresses bien senties. J'appris après coup que, hé bien non, elle ne risquait pas l'infarctus en frappant aussi vite, elle était simplement secrétaire depuis 15 ans avec, à son actif des milliers de pages saisies. Pour elle, il ne s'agissait que d'une petite occupation machinale. Je la revoyais lorsque son image si douce se déforma pour laisser place à mon épouvantable voisin, les deux pieds … mais je l'ai déjà dit … et c'est à ce moment qu'un coup, un seul mais asséné avec une telle persuasion que je crus que les murs s'effondraient …je sursautai violemment avant de réaliser que quelqu'un toquait à la porte. D'un bond je me levai, arrivai devant le battant et, pris soudain d'une peur rétrospective, m'écriai : "Qui va là?". Un énorme rire faillit souffler la porte. J'ouvris ayant reconnu cette caractéristique curieuse. Antoine se tenait le ventre et manquait d'étouffer. Il se redressa d'un bond et me salua fort militairement en éructant un : "à vos ordres!", puis il me serra dans ses bras et m'embrassa sur les joues. "Ah fiston! Ça fait plaisir de te revoir. Tonton, ton père quoi, m'a ordonné d'accourir pour t'aider. Dis-moi tout, tout, de A à Z"
Je l'entraînai dans la salle commune et lui narrai dans le détail ce qui s'était passé. Il maugréa et se mit à arpenter la pièce. "Tu n'as jamais parlé à cet empaffé?
- Jamais!
- Nationalité?
- Genre orient! Mais tu sais …
- Ouais! Il peut très bien venir en direct de Ménilmontant! Ton commissaire Tarin, je le connais bien. Petit, minuscule, mais un coriace, très!
Venant du Toine, c'était un compliment. Ainsi derrière ce Tarin se cachait une fine lame? "T'es sûr?
- Je veux! Je l'ai vu à l'œuvre sur des sacrés coups. Pas un seul qui l'égale. Mais, en dehors de ça, un rigolo.
- Je le voyais plutôt du genre un peu …
- Con? C'est absolument l'air qu'il veut se donner. Il a réussi à te tromper. Mais il ne dit rien à la légère. Tu sais, tu devrais prendre des vacances, ce serait bon pour tes romans.
- Tu rigoles? Merde! Mon voisin se fait dessouder. On me rapporte les morceaux et je devrais me casser je ne sais où …Tu m'as bien regarder Antoine?
- J'espérais que tu allais sortir ça petit. Crois-moi ça va être duraille. On commence par dresser un plan de bataille, OK?
- OK!"
Nous passâmes une grande partie de la journée en préparatifs d'enquête, en coups de fil à des connaissances … enfin, Antoine le fit parce que moi et les meurtres, rien que d'y penser … Au soir couchant nous allâmes dîner chez Gaspard, un vieil ami du terroir. Il n'y avait que lui pour faire des pommes de terre à l'ail à l'étuvée aussi remarquablement. Un bon morceau de lard sauté. Le tout arrosé d'un Sancerre rouge de la meilleure tenue. Nous finîmes par un crottin de Chavignol accompagné de ce délicieux blanc de Sancerre. Je me sentais soudain mille fois mieux. Antoine me glissa subrepticement: "J'ai aperçu l'Elsa il y a une semaine. Sacré morceau bon dieu! Elle m'a dit de te saluer.
- Tu ne vas pas jouer aussi les mères maquerelles!
- Ce que j'en dis, hein …
- Me gâche pas cette super soirée. On va aller guincher un peu au "roi du maquereau", ça te dit?
- OK fils!"
Le "roi du maquereau" devait son nom à une blague idiote. Notre cousin le p'tit Marcel - un mètre quatre vingt dix pour 130 kg - s'était vu nommer ainsi à la suite d'une affaire de drague. Cet innocent pourchassait de ses avances une nana aux nichons monumentaux. Ce qu'il ignorait c'était ses talents de tapineuse, métier qu'elle exerçait le plus régulièrement du monde à la Bastille. Lors d'un rendez-vous d'affaire dans le quartier, il l'aperçut qui montait avec un client. Il s'attarda. Elle reparut. Disparut. Le manège se prolongea. Bien qu'un peu pachydermique côté cerveau, il avait saisi le pourquoi du comment. Il s'empressa de nous raconter ça et gagna ainsi le surnom de "roi du maquereau". Le drôle de l'affaire c'est qu'il détestait ce poisson et refusa toujours d'en présenter à ses amis. Il n'aimait que le poisson d'eau douce qui gardait à ses yeux, non seulement le goût le plus doux qui soit, mais, je le soupçonne, son enfance de pêcheur sur les bords de la Loire. Chez lui on pouvait danser jusqu'à l'aube et le tout Paris allait s'y encanailler. Du moins le croyait-il! Car dans le genre canaille, le seul à en faire profession était plutôt du côté tout-Paris!
Nous arrivâmes chez le p'tit Marcel qui nous accueillit avec tous les honneurs. Nous passâmes une soirée fort instructive. Marcel connaissait bien tout l'Orient. Il faut dire qu'après sa triste aventure, il s'était marié avec une Pakistanaise terriblement belle qui lui avait donné 6 enfants tenus avec une fermeté remarquable. Marcel était l'homme le plus heureux du monde et c'était reposant d'être à ses côtés. Alice, sa femme, il l'avait rebaptisée car son prénom était trop imprononçable, nous parla de l'orient. Je lui fit la description de mon voisin. Elle se rembrunit soudain et s'écria: "Marcel, c'est le petit Suranni!
- T'es sûr?"
Elle me questionna sérieusement et je promis de lui apporter une photo du bonhomme. Pour une fois ma passion de photographe allait peut-être servir!

   
   
   
   
Et la suite ??
   
    La suite? Ah oui! Parlons de la suite ...    
    En fait c'est l'opiniâtreté qui la fera apparaître. Il s'agit d'une écriture interactive, donc, à vos plumes ... prêts? partez!
Et surtout, dès que vous êtes arrivés, expédiez le fruit de vos cogitations à ecrits21
Le concepteur du site le mettra en ligne et les autres lecteurs-écrivains choisiront le bien fondé ou le mal de cette suite.
A vous de jouer.
   
    L'auteur, Argos , espère que vous participerez ... nombreux?! ... suffisamment en tout cas.    
         
         
         
         
         
         
         
         
         

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